Formidable, ce titre enthousiaste rappelle celui d’une ancienne revue du Moulin rouge. On peut le prendre comme une antiphrase, vu l’inadéquation du dandy iconoclaste avec une époque dont il critique la bêtise ou la vulgarité. Désormais identifiable à sa moustache et à son costume trois pièces duquel sort une chemise à carreaux – ni trop classe ni trop débraillée, on le reconnait aussi à un accent qui semble s’être un peu relâché… Comme si, arrivé à Paris et accepté par les Français, passée la mode des blagues belges débiles, l’humoriste wallon pouvait se permettre d’être enfin lui-même. Cette évolution a été favorisée par son nouveau metteur en scène, Étienne de Balasy, qui a travaillé, entre autres, avec François-Xavier Demaison, Eric Antoine ou Patrick Timsit.
Sur scène, on retrouve ce personnage qui se veut politiquement incorrect, regrette que les femmes conduisent et abomine les écolos végétariens qu’il place quasiment au même rang que les terroristes. Ce « travailleur détaché de l’humour » propose un passage intéressant sur l’Europe, un thème absent des autres spectacles de stand-up. Bref, il nous livre ses considérations assumées sur le monde tel qu’il va et qui sans doute allait mieux avant – même si Walter critique la nostalgie systématique de ceux qui confondent la dégradation du monde avec leur propre déliquescence physique. Il disserte sur la beauté ou la laideur, la richesse ou la pauvreté, en soulignant le fossé entre le fantasme des orgies romaines et la réalité glauque des clubs échangistes, ou la difficulté de faire une grande carrière quand on s’appelle Dylan.
C’est le même Walter, donc, que celui de Belge et méchant : l’humoriste au parler rythmé dont on retrouve d’ailleurs le débit facile et les circonlocutions cinglantes dans ses chroniques sur Paris Première. La même classe, la même honnêteté du mec que sa passion pour Sardou rend incompréhensible à ses copains de gauche. Et toujours ce sourire imparable quand il fixe les spectateurs de ses grands yeux bleus, après les avoir bien secoués…