Chaque hiver, entre la fin octobre et la fin février, le cirque Romanès installe son chapiteau entre les maréchaux et le périphérique, boulevard de Reims, à la porte de Courcelles… Durant ces quatre mois, ils présentent leur spectacle annuel à un public amateur et ouvert. En cette période polémique liée aux reconduites à la frontière et à l’affaire Leonarda, ce cirque tzigane familial et poétique revêt une signification particulière. Alexandre Romanès est interviewé à la radio, il publie une tribune dans le Monde, une autre dans Libération…
Si le titre du spectacle change chaque année, on retrouve la même patte, les même acrobates, et dans l’ensemble les même numéros… Sur la piste se produit toujours la famille Romanès, les filles d’Alexandre et de Délia qui dansent et font du cerceau, les fils et les neveux qui montent à la corde et jonglent, parfois avec des ballons ou des balles au sol, à une table d’écolier… Dans « Voleurs de Poules », on retrouve aussi l’orchestre tzigane, animé par le père et les oncles de Délia, Alexandre guidant toujours de main de maître sa troupe, jusqu’à ce que tout le monde se retrouve au centre sur la piste, à fin, sous les applaudissements.
Voici donc un spectacle familial, émouvant, rythmé, dont les numéros sont plus authentiques qu’extraordinaires, avec de la part des jeunes filles très maquillées, en robe longue, quelques danses famenco approximatives d’où se dégage une humanité singulière. On retient la voix de Délia Romanès, les violons tziganes, la grâce de la jeune funambule, Alexandra, qui s’aimante à une corde flottante en sciant l’air au dessus des spectateurs au souffle coupé.
Même si Alexandre Romanès supervise le déroulement de chaque spectacle, il n’intervient pas dans les numéros : chaque enfant, chaque acrobate prépare sa partition, à sa sauce, créant une recette unique très éloignée des grosses machines circassiennes. Et si son chien n’arrive toujours pas à sauter dans le cerceau, il fait le mort au son du fusil avec un mimétisme troublant…