Difficile d’avoir un avis sur Slow futur, la nouvelle création du Cirque Bang Bang. On pénètre ou l’on demeure imperméable à cet univers à la lisière entre performance artistique et show de jonglage, sur une musique électro originale de Zombie Zombie dont on regrette l’absence sur le plateau. Slow futur est une réflexion sur un avenir marqué par l’uniformisation de nos vies, incarné par deux jongleurs, un homme et une femme qui vont et viennent sur un tapis roulant de 8 mètres, bordé de néons suspendus verticalement.
On n’est pas loin de se faire happer par ces silhouettes uniformisées aux regards figés d’automates, aux gestuelles répétitives, dans une symbiose entre néons flashy intermittents et beats progressifs envoûtants. Il y a un coté Metropolis de Fritz Lang et une touche à la Kraftwerk. Mais il suffit d’une seconde d’inattention pour que le fil se rompe, qu’on se perde, et tout ce qui fascinait semble soudain risible. D’ailleurs, une partie de la salle décroche…
En reproduisant toujours les mêmes gestes de jonglage, certes bien réglés et synchronisés, les artistes communiquent au public l’ennui de cette société future qu’ils décrivent. Cette répétition ad libitum finit par ne plus surprendre et on a du mal à saisir les variantes infinitésimales d’un mouvement à l’autre, agacé par la mise en boucle de ces allers et retours en marche avant, arrière, debout, assise ou couchée. Il faut un vrai sens de l’abstraction pour se laisser prendre à cette performance conceptuelle.