« Les Eux », c’est une troupe, en partie composée d’anciens étudiants de l’ESSEC, qui cherche à dépasser le match d’impro en axant notamment son travail sur l’impro dirigée (c’est-à-dire encadrée en direct, sur scène, par l’un des comédiens). Ce soir-là, au centre Mathis, les Eux proposaient un show hybride préparant leur participation à un festival d’impro à Chicago, en mélangeant deux types d’impro dirigée : le Harold et le « plus ou moins », auquel était consacrée la première heure.
Le plus ou moins ? Un membre de la troupe, désigné comme le metteur en scène, dirige les autres comédiens, en interrompant de temps en temps l’improvisation pour demander au public si celui-ci désire que ça continue (« plus ! ») ou que ça s’arrête (« moins ! »). Lorsque les spectateurs sont las, on passe au metteur en scène suivant, le gagnant étant à la fin celui qui réalise l’impro la plus longue. La seconde partie du show est donc consacrée au Harold, un concept américain introduit en France par la troupe en 2008 : trois sessions d’impro, dirigées ici par les trois meilleurs du « plus ou moins », se poursuivent par morceaux, l’une après l’autre.
La tonalité du spectacle est donnée dès le départ, lors d’une scène à la Tarantino où, dans un imbroglio de flingues et de bras, chacun pointe son calibre sur son voisin. Les deux heures d’impro baignent dans cette atmosphère de polar noir (énigmes, agents secrets, chasseurs de prime), avec une touche de teen movie fantastique à la Scream, des répliques qui fusent du tac au tac et quelques instants de poésie, à travers l’histoire de cet homme seul qui regarde le monde de sa fenêtre. Un show peut-être un peu long mais pétri d’énergie, de style et d’auto-dérision. A voir.