« Tu seras un homme ma fille » ! C’est l’exclamation d’un père aimant mais mal à l’aise pour élever seul sa fille qui donne son titre au spectacle autobiographique de Charlotte des Georges. Elle a huit ans quand sa mère meurt : c’est cette année qu’elle commence par conter longuement, avant d’évoquer ses 12 ans, ses 16 ans, ses 20 ans et son mariage. On retrouve un peu du ton et de la matière de Tout n’est pas rose, auquel sont repris quelques personnages, à l’image du trader en grosse berline ici devenu broker. Après avoir raconté la vie d’Angela, la comédienne dévoile une part de son identité en évoquant l’existence de « Charly », ce diminutif dont l’a affublé son paternel.
Comme dans Tout n’est pas rose, le style est théâtral, l’univers toujours celui de la banlieue ouest, qu’elle découvre, une fois quittée sa province consanguine, à l’école primaire de Neuilly où elle côtoie des fils et filles de patrons du CAC 40. Si les personnages nous semblent déjà vus, ils ont changé de fonction : l’antillaise employée à la fourrière est devenue pédopsychiatre, la grand-mère, qui a cessé de parler en alexandrins, évoque la mère grimaçante de Laurent Gérard, et sa copine ado demeure cette figure courante du comique, dont Élie Semoun ou Anne Roumanoff ont leurs avatars.
Charlotte des Georges soigne toujours les transitions, se déguise avec les plis d’une étoffe, transforme son visage pour singer avec un mimétisme bluffant toutes sortes de faciès, les tics du père, la voix de la grand-mère, ou la physio lesbienne, dans un extrait de sketch de son précédent show, Paris j’adooore ! Moins comique que Tout n’est pas rose, voici donc un one-woman-show atypique, une longue confession peuplée de personnages récurrents, dont on pourrait attendre plus de surprises…