Silhouette amincie dans son cuir noir, la force de la Picardie dans les veines, l’ultra médiatique Cauet investit chaque soir la grande scène du Palais des Glaces chauffée par Sophia Aram. Vannes bien senties, autodérision, visions marrantes : au-delà des parodies et des canulars téléphoniques, on découvre un point de vue et une personnalité. D’office, un chauffeur de salle balance un mot d’ordre façon plateau télé : « amusez-vous ! ». C’est parti pour une heure et demi de show face à un public déchaîné. Cauet débarque sur scène avec assurance et commence à tchatcher comme s’il était fait pour le métier. La radio depuis l’âge de 13 ans, ça forme son tchatcheur.
Le prétexte du show : arrivé aux portes du Paradis après avoir été écrasé par un bus, Cauet doit trouver des circonstances atténuantes à sa conduite pour ne pas aller en enfer, bref, l’occasion de raconter sa vie au public. Grandi à Marle et à Saint-Quentin, dans l’Aine, au sein d’une famille de sucriers, le jeune Cauet était à l’image de « L’enfant seul » d’Oxmo Puccino, « celui de qui l’on se moque, rond comme Coluche ». Il évoque la mort de ses deux parents sans apitoiement et le moment où il a dû choisir un cercueil au sein d’une entreprise ressemblant à la Maison Périglioni d’Élie Semoun. Il raconte aussi son père qui ne le punissait pas mais se contentait de le « prévenir », sa meuf à l’accent à couper au couteau, à laquelle il a dû s’arracher pour partir à Paris à vingt ans, sa calvitie précoce (il préfère se voir mi-chevelu), sa période DJ où il arborait son autoradio comme un signe de réussite avec les clés de la bagnole. Il rappelle l’époque du magnéto VHS comme Arthur les K7 audio, le parcours du combattant pour se procurer un film X au bar tabac – papeterie – épicerie du coin, au risque de tomber sur un voisin… Cauet évoque enfin, comme Rachid Badouri, son aversion pour les chiottes turques : « mais c’est qui le Turc ? Après avoir enlevé la cuvette, il aurait aussi pu reboucher le trou ! »
Cauet répond à toutes les questions que son public se pose, évoque le showbiz, les avantages et les inconvénients de la célébrité, envoie des piques à son concurrent mal-aimé Arthur qu’il imite, à Jean-Pierre Foucault ou Nikos Aliagas. Sans temps mort, usant de ressorts classiques mais efficaces, balançant quelques clichés sans trop de télé, Cauet fait le show et tient en haleine ses fans sans défaillir.