Bigre ! Mélo burlesque de Pierre Guillois au Rond-Point

Bigre ! Cette interjection est à l’image d’un spectacle sans parole – si ce n’est le flux sonore d’un transistor -, mais traversé de cris et d’images étonnantes. Tout est fixé au millimètre dans cette création qui a obtenu le Molière de la comédie en 2017. Une scénographie réaliste reproduit sur la scène du Rond-Point trois chambres de bonne en coupe transversale, où évoluent trois personnages dont on connaîtra les moindres détails : un gros hurluberlu maniaque, un bobo évoluant dans un bric-à-brac poussiéreux, et une fille coquette qui s’improvise infirmière, masseuse ou coiffeuse, avec des conséquences toujours dramatiques.

L’immeuble parisien est identifiable à la couleur du zinc, à l’exiguïté des chambres au dernier étage. Le toit lui-même devient solarium estival ou observatoire de tempêtes, deux techniciens ménageant des effets spéciaux avec objets volants en fond de scène. Les poubelles se disséminent en tourbillons d’ordures dans un vacarme inouï, entre un feu domestique et une inondation avec un vrai poisson rouge, tout comme deux lapins participent au spectacle.

Pierre Guillois, metteur en scène de la nouvelle création d’Akoreacro, qu’il a dotée d‘une grande puissance visuelle, est un artisan du burlesque au sens où l’étaient les Marx Brothers. Il excelle à produire du comique de situations. C’est la vie en ville, solitaire et animée, qui se dessine dans ce ménage à trois où Pierre Guillois, Agathe L’Huillier, Olivier Martin-Salvan (jouant en alternance) sont impeccables. Chaque personnage semble enfermé dans sa solitude, sauf quand il ou elle compose un duo ou un trio avec ses voisins. Les spectateurs de tous âges s’émerveillent ainsi durant une heure et demie, en partageant la vie de ces attendrissants protagonistes.

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