Surtout connu pour sa chanson « Morales » qui date d’il y a une quinzaine d’années, Bénureau est un comédien et un auteur de sketchs exceptionnel. Après son précédent one-man-show, Bobo, le revoici plus provocateur encore dans Indigne, qui s’inspire pour la première fois de l’actualité (printemps arabe, affaire Julien Coupat, Fukushima). Les sketchs s’enchaînent très vite, sans rien de superflu, à un rythme tendu comme un fil.
Bénureau semble avoir banni l’auto-censure en usage chez ses collègues humoristes. Par exemple, il incarne un homme qui se masturbe dans son bureau en pensant à sa secrétaire, avant de se révéler honteux, prostré, une fois pris en flagrant délit par l’intéressée. Il réveille aussi son public avec le vieil intellectuel réactionnaire qui pourfend les « meutes d’arabo-magrébins », délire sur l’étymologie de berbère (barbares) et termine affalé au sol, somnolant dans ses jurons étouffés, ou avec ce chanteur qui a perdu sa voix à Fukushima et défend l’innocuité de la catastrophe… Qu’il imite les tics d’un enfant ou les grimaces d’un vieillard, le comédien se transforme littéralement.
Les chansons, aussi, ont leur importance. En plus de « Moralès », dont il offre à la fin un couplet au public, Bénureau chante, en vieux bobo efféminé, « Je veux mourir mince », ou, dans la peau d’un enfant de 10 ans, « Julien Coupat c’est mon copain », en référence à l’homme accusé à tort d’avoir saboté des caténaires de la SNCF. Dans un passage presque stand-up, le comédien se fait passer pour un conférencier qui dresse le portrait de l’homme de droite, dont la femme blonde et épilée fait semblant d’avoir des opinions, quand la femme de gauche les martèle au premier venu.
Si le show verse parfois dans une vulgarité de caserne, il n’en est que plus efficace ! En bonus, on retrouve deux excellents sketchs de Bobo, notamment celui de la belle-mère qui feint l’alzheimer pour insulter sa fille au téléphone (voir la 1ère vidéo).
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