Dix ans après son premier one-man-show, vu en 2006 aux Blancs-Manteaux et en 2007 au Point-Virgule, Ben a pris son temps pour sortir un nouveau spectacle. Mais il n’a pas été improductif : chroniques télé et radio, programmes courts pour Arte, rôles au cinéma… Si on retrouve quelques anciens sketchs, sa façon de jouer et d’occuper la scène a évolué. Son style, déjà identifiable, s’est encore affirmé : longues pauses, fins de phrases appuyées, cris autoritaires ou hurlements d’enfant capricieux ! Ben a de nouveaux gimmicks et varie toujours mieux son timbre et ses intonations, installant de longs silences où il examine les spectateurs pour mieux les faire sursauter !
Il commence par une partie stand-up décontractée où il se présente comme un artiste aimant rester dans l’ombre, au figuré comme au propre, évoquant la physionomie du Point Virgule dont le budget passe plus par l’achat de projecteurs, si nombreux pour une si petite salle, que par l’entretien des rideaux, sales et tachés, entre lesquels il se glisse façon magicien. On retrouve le sketch sur l’alcool et le 25e verre, son agression par des loups qui fument du shit, l’explication de son nom, développée ici avec un jeu parodique sur les clichés racistes et la difficulté à porter un nom arabe, surtout pour trouver un appart (autre reprise). Entre les sketchs, Ben feuillette un dictionnaire posé sur un tabouret. L’art des transitions, même s’il prétend le contraire, est toujours soigné. C’est fluide et efficace, minimaliste, ça file du coq à l’âne sans cesser de surprendre…
Ben est un stand-upeur à part, tout en nuances, pesant chacun de ses mots qu’on décrypte à plusieurs niveaux. On n’explose pas de rire mais on est saisi par l’aisance scénique du comédien, qui fait ce qu’il veut comme il veut, sans jamais perdre l’attention du public. Chapeau !
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