On avait découvert Ava, dite « la dame en verte », dans Ave Pussycat, un cabaret burlesque animé par Maria Dolores. Au milieu des effeuilleuses et des clowns, la femme fatale nous livrait une recette de fougasse aux œufs et épousait de son corps élastique les tessons d’une bouteille de champagne. Les morceaux du puzzle se recollent dans la biographie mise en scène par Alexandre Pavlata, opportunément intitulé Ava, sa vie son œuvre. C’est l’occasion de mieux comprendre l’existence de cette nymphomane créature glamour qui parle et se déplace comme une diva hollywoodienne. A moins qu’il ne s’agisse d’une poupée mécanique ouvrant grand la bouche, toujours, avant de prononcer chaque son qu’elle précède d’un h aspiré.
Trapéziste et clown à la fois, Ava joue du ukulele en offrant à son public un éventail de râles orgasmiques et pleure parfois à chaudes larmes. Elle s’imagine buvant un cocktail en compagnie d’une poupée cowboy qu’elle accable de railleries. Le mors aux dents, elle se suspend en l’air ou bien à son trapèze, dans le chapiteau caniculaire du cirque électrique. Comme si cela ne suffisait pas, elle attise le désir d’un spectateur par des suggestions ouvertement sexuelles.
Pendant une heure et quart, le personnage d’Ava se déploie dans une atmosphère de lenteur qui la condamne à rester seule, à l’écart, toujours en décalage avec le monde et en particulier ces hommes qu’elle convoite mais effraie. Seule dans sa caravane qu’elle tracte par la mâchoire, elle est peut-être condamnée à vivre à l’écart, comme cette freaks trop belle et trop différente du reste de l’humanité. Hélas, la lenteur de son personnage contamine parfois le spectacle, qui en abandonne certains sur le bas côté.