Arnaud Demanche – le nouveau Schwarzenegger

C’est seulement son premier one-man-show, mais vous avez sans doute déjà vu Arnaud Demanche dans les Gérard – de la télévision, de la politique ou du cinéma -, un spectacle parodique joué au théâtre et retransmis en direct sur Paris Première. Avec ses deux acolytes Frédéric Royer et Stéphane Rose, il dézinguent le milieu du paf dans la plus pure tradition satirique française, entre chansonniers modernes et verve acerbe à la Charlie Hebdo. Bref, le plus comédien du trio se lance seul en scène, dans la perspective, comme Dujardin ou Omar Sy, après avoir été repéré par un producteur marseillais qui fera de lui une star, d’atteindre Hollywood. D’où le titre du show, le nouveau Schwarzenegger. On pourrait croire Arnaud Demanche fou mais c’est l’inverse. Contrairement à la plupart d’entre nous qui voulaient jadis être chanteuses ou pilotes, lui n’a pas renoncé à ses rêves d’enfance, il y croit dur comme fer et c’est touchant. Oui, on le découvre dans un registre bien différent des Gérard.

Pour la deuxième de son show pas encore totalement rodé, le comédien témoigne d’une certaine assurance, tranquille, serein. Il parle doucement, n’en fait pas trop, et multiplie les jeux de scènes avec une prédilection, que partagent certains stand-upers comme Kyan Khojandi, pour les bandes annonces hollywoodiennes dont il retrouve à merveille l’ambiance et la voix off vibrionnante.

Certes, la comparaison entre films français léthargiques où l’on claque des portes en se lamentant et blockbusters ricains spectaculaires n’est pas nouvelle, Kavanagh et bien d’autres l’ont faite. Mais le comédien brille dans cet exercice d’analogie jouissif. Plus singulière est l’allusion à son parcours de petit Versaillais aux amis bien comme il faut, tel ce chirurgien dentaire qui a une grosse voiture et une belle maison de vacances, qu’il voyait plus jeunes aux rallyes, ces surboums de la haute conçues pour que les rejetons de familles aristocrates puissent faire connaissance en vue, plus tard, de perpétuer leur lignée consanguine.

Arnaud Demanche parle aussi de son métier de comédien, les voix off de docu, la figuration, les pubs pourries, et entame un délire sur un bruitage très personnel de film porno. Sa séquence vaudeville où il interprète les seules répliques d’un personnage de valet fait un peu songer à la performance, plus échevelée et marrante, d’Arnaud Tsamere dans son second spectacle.

Spirituel et distingué, le comédien peut se permettre d’être trash dans ce spectacle bien ficelé mais un peu long, dépassant sans doute de quinze minutes l’heure réglementaire pour un premier show. Resserré comme du tissus musculeux hypertrophié, le nouveau Schwarzenegger, plus vif et plus rythmé, serait plus percussif…

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