On commence à connaître Arnaud Aymard, inventeur de personnages aussi variés que Paco, chanteur pour la Paix, vu au Grand Mezze, le gothique Perceval dans Soleil Noir, ou L’Oiseau Bleu apparu dans La folle vie de Luigi Prizotti. Son nouveau héros, Canoan de Cimmérie, sort d’une mythologie nordique hallucinée. Un délire classico-burlesque dont le prolifique comédien prétend livrer huit épisodes tout au long de l’année.
Grimé en extraterrestre aux gestuelles d’android, Arnaud Aymard commence par interpeller le public, avant d’incarner les jeunes Apollon et Hermès, en spectateurs dégustant des chips et des bonbons tout juste inventés par leur père Zeus (le comédien en fait passer au public, aux adultes plutôt qu’aux mômes qui ne lui inspirent « pas confiance »). Soudain mué en Canoan, il s’enduit le corps d’huile d’olive et se dessine au feutre des abdos sur le ventre. Issu d’une époque immémoriale où la Pangée rassemblait les terres émergées, ce guerrier part à la recherche du vilain roi Vomiir qui a gelé son peuple. Serpillière sur la tête et bâton en main, le voici prêt à braver tous les dangers.
Le show s’apparente à une suite de rencontres, combats et surtout dialogues, où le comédien essoufflé joue tous les personnages, pressé de passer de l’un à l’autre en réajustant son couvre-chef. Le principe est marrant mais à la longue, on peut se lasser de cet enchaînement de répliques parodiques, sans répit ni respiration… Difficile, pourtant, de nier l’originalité de cette épopée rocambolesque, fourmillant d’hyperboles homériques pour qualifier chaque guerrier. Les insultes fusent, à base de comparaisons animalières truculentes, et l’on se délecte toujours du jeu d’Arnaud Aymard, fait d’hésitations mystérieuses et de moues enfantines.
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