A l’occasion du festival des clowns, des burlesques et des excentriques, juste après les Paraconteurs, Franck Dinet, le directeur du Samovar, incarnait de nouveau son personnage créé il y a quinze ans, Amamouche, sorte de Roberto Begnini aux tics irrépressibles qui tente de se composer une attitude en réajustant tout le temps sa veste. D’une voix sourde un peu grotesque, il tient une conférence en italien sur les trois arts majeurs : « la scultura, la música et la pintura ». A l’aide d’un râteau, d’un cintre, d’un flacon de mercurochrome et d’une valise, le comédien parsème le plateau d’installations qui lui donnent l’aspect d’un musée où se déroulerait une performance artistique conceptuelle.
Un style assez classique caractérise ce clown à la démarche d’automate, calqué sur le stéréotype de l’italien beau parleur, à la verve et aux gestes appuyés, qui a les défauts de ses qualités. Mais une personnalité se dégage de ces obsessions pour la symétrie, l’oblique de la tour de Pise et la couleur rouge, sang du Christ ou conquête de la liberté… Les œuvres en équilibre instable semblent incarner l’état extatique de l’âme d’Amamouche.
Après un début posé avec assurance, la conférence avance vers une apogée coutumière des spectacles de clown, ici prétexte à des figures obligées comme celle du mime palpant une glace invisible. Amamouche se met alors à parler français, une langue compliquée dont il critique aussi le manque d’accentuation, il chante, il joue de la clarinette et de la contrebasse, sans que ces démonstrations ne servent réellement le comique de la situation. Franck Dinet fait ainsi durer le spectacle au fil de rebondissements qui repoussent toujours la fin annoncée, comme s’il tenait à nous montrer l’envergure de son panel d’expression. Loin de la fougue des Chiche Capons, les conseils de Fred Blin ne semblent pas avoir suffi à débarrasser ce personnage de ses vieilles fripes.
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