Alexis Macquart est le Houellebecq du stand-up. Sa vision de la vie, comme de lui-même, est à la fois désespérée et désespérante. A l’écouter, il est impuissant, lâche, veule, médiocre, peureux des femmes, de la sienne en particulier, égoïste, vaguement bi, masturbateur frénétique – mais pas pour prendre du plaisir, non, pour évacuer le stress qui se matérialise dans cette projection extérieure, à la différence des femmes qui jouissent à l’intérieur. Son propos fourmille ainsi de réflexions trash ou intéressantes, souvent plus profondes que leur visée subversive. Et au fond, c’est lorsqu’il se moque de lui-même, des plis et replis de son ventre charriant des rigoles de sueur dans le métro, ou de son sexe en forme de petite trompe qu’Alexis Macquart est le plus marrant. L’autodérision, y a que ça de vrai.
En fait, le stand-uper parle essentiellement des relations hommes-femmes. Par exemple, il dit l’impossibilité, après une rupture, de reprendre une relation à zéro, de refaire ces gestes et ces discussions insignifiantes avec celle dont il faut gagner la confiance. Il révèle tous les mauvais penchants qu’on tient habituellement secrets, envie de meurtres, insultes aux enfants, avec un credo : dire tout haut ce que chacun pense tout bas. « Si ma mère meurt, je m’en remettrai pas, mais ma meuf peut crever je m’en fous », assène-t-il. A force de jouer la provocation, il finit par frôler le ridicule, avec son air de garçon timide qu’a dû souligner la mise en scène de l’excellent David Salles…
Voici donc un spectacle de pur stand-up où il ne se passe pas grand’ chose : une heure de tchatche sans personnages, ni voix, ni interprétation allumée. Mais cet aspect qui peut être pris pour un défaut est aussi le point fort d’Alexis Macquart : il est tout le temps à l’aise, au point de rire silencieusement à ses propres blagues quand elles trouvent un écho dans le public. Rien d’artificiel dans sa prestation qui coule comme une petite colique, naturellement. Attention : c’est un compliment.