Comme certains artistes belges, Alex Vizorek* a un humour très particulier, empreint d’intelligence et d’absurde pince sans rire. En visite éclair au Point-Virgule ce 1er mai 2010, il présente un one-man-show concept mis en scène par Stéphanie Bataille : un cours d’histoire de l’art pour les nuls, dans une tradition du monologue doctoral, genre porté aux nues par le professeur Rollin et déjà reprise par Ben ou Arnaud Tsamère, dont il donne sa propre version, belge et artistique donc. Il pose, sur un tabouret, un cerveau en plastique dont il laisse la garde à un membre du public (idée originale qui sert de fil au rouge au spectacle). Tout le show joue sur ce fossé entre le public inculte et l’artiste génial. D’accord, c’est pour rire, mais Alex Vizorek en fait peut-être trop. Alors pour ne pas verser dans un registre exclusivement intello, il zappe de la philosophie asiatique à son obsession de « niquer des salopes ». En plus d’évoquer Magritte, Beuys ou Manzoni, créateur de l’arte povera et de boites renfermant ses excréments (si si !) qui se vendent très cher aujourd’hui, Alex Vizorek cite des auteurs comme Mishima ou Bergson. Il donne un point de vue à la fois drôle et distancié sur l’art contemporain, au-delà du catégorique « l’art comptant pour rien » de Gad Elmaleh. Entre deux analyses artistico-délirantes, il s’en prend aux cymbales, cet instrument marginal à ne pas utiliser à des fins masturbatoires, et finit par une chanson bien troussée à la guitare. S’il continue comme ça, Alex Vizorek jouera un jour dans la cour des modèles dont il s’inspire plus ou moins consciemment, Édouard Baer et François Rollin.
* A l’époque où j’ai vu le spectacle, je ne connaissais pas Alex Vizorek qui a ensuite été chroniqueur dans l’émission Les enfants de Chœur à laquelle j’ai participé.
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