« Les gars y a quoi ? Y a rien, c’est l’homme qui a peur. » Avec ce gimmick à la fois poétique et punchy façon « yes papa, jeu de jambe » de Patson, Valéry N’Dongo rythme son show où il alterne français et camfranglais, un dialecte mixant français, anglais et camerounais. Après les délires cinématographiques de son précédent spectacle déjà à l’affiche de Sautes l’humour l’année dernière, il dépeint le kwatt (le quartier) de Yaounde ou Douala au Cameroun.
La vie au kwatt c’est la galère, la drague, les engueulades plus bruyantes qu’en France, le marchandage, les soirées alcoolisées avec ces bières que « [s]on pote le Français », friand d’exotisme et réticent à se retrouver avec d’autres Blancs, veut partager – alors qu’ici c’est chacun sa bouteille. « Une bière pour quatre au lieu de 4 bières pour 1, psst ! » Au kwatt, les filles jouent à être inaccessibles en surjouant le ton, mimiques et effets de manche. Mais dès qu’un mec sort avec une Blanche, les filles du quartier se collent à lui… De leur côté, les gars aiment flamber avec quatre meufs, mais refusent de prendre leur copine par la main : « Quoi, la route n’est pas assez large ? »
Valéry N’Dongo habite la scène avec une vraie présence, incarnant Noirs et Blancs, hommes ou femmes d’un air posé, tranquille et juste. Contrairement à Gustave Akakpo, il ne choisit aucun dispositif, si ce n’est ce micro dans lequel il susurre parfois quelques phrases vibrantes… En quelques touches bien senties, avec une tchatche naturelle et bien rythmée, le comédien peint son quartier et ses habitants, comme si on y était. « Y a quoi les gars, y a rien. C’est l’homme qui a peur. »