Les onze mille verges d’Apollinaire, adapté par Godefroy Segal

« Si je ne fais pas l’amour vingt fois de suite, que les onze mille verges me châtient », s’écrie le prince roumain Mony Vibescu, le héros lascif de cette œuvre d’Apollinaire, interdite en France jusqu’à 1970. Le poète des calligrammes a 27 ans quand il publie sous les initiales GA ce roman pornographique, dont Godefroy Segal propose à la Maison de la poésie une adaptation érotique. En effet, les actes sont simulés par quatre actrices vêtues de nuisettes, dans une cellule recouverte de plastique transparent face au public éclairé de néons roses qu’elle dévisagent effrontément, comme dans un cabaret. Quand l’une raconte, les autres miment des scènes charnelles sur une banquette ou balancent des déjections figurant sperme, sang, excréments. Dans ce texte enlevé qui s’apparente à une série d’ébats où les femmes aussi bandent et déchargent, Apollinaire explore toutes les formes de la perversion amoureuse  : onanisme, sado-masochisme, scatophilie, gérontophilie, pédophilie… L’excès de foutre, de bites, de tétons vire au comique, la répétition de râles au grotesque ou à un sentiment de lassitude. Mais si l’on aime ce chef d’œuvre de la littérature érotique, on goûte aussi cette adaptation interdite aux moins de 18 ans, faut-il le préciser ?

 

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