Au départ, c’est un happening : en 2012, Stéphane Bonnard reste immobile pendant 12 heures sur le parvis de la Défense, un « travail sur immobilité » qu’il reproduit avec des groupes de gens à Aurillac à l’occasion du festival 2016, notamment à l’issue des représentations qui ont lieu dans le théâtre de la ville. Cette expérience, il la restitue dans un dispositif plutôt classique, seul en scène, accompagné aux machines par Marc-Antoine Granier qui signe une composition sonore ténue et évocatrice.
On est loin, ici, des installations de rue de la compagnie, c’est un monologue sur l’intime, à la fois poème sonore et introspection, fouillant l’intériorité d’un homme qui cesse d’avancer et reste figé sur place, concentré dans l’observation de son environnement immédiat. Ainsi parvient-il à percevoir quelque chose du mouvement perpétuel de ses semblables. Les autres évoluent autour de lui, automates formant un ballet continuel, et les façades des tours se reflètent comme se répondent les employés à la machine à café.
Debout face à un micro pied, seul sur le devant de la scène, Stéphane Bonnard prononce sans discontinuer, pendant 50 minutes, d’une parole déliée et précise, ce texte poétique et intime qui décrit les itinéraires de ces passants croisés, costards-cravates aux trajets automatiques, travailleurs de la grande ville oppressante qui ne voient plus les mendiants fouillant les poubelles. Sur un coté de la scène, le musicien balance des sons précis et amples, cliquetis, grondements ou réverbérations qui illustrent le propos. Ensemble, le musicien et le comédien donnent à entendre et à imaginer l’atmosphère de la grande ville grouillante, désincarnée, angoissante.
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