Horror – par la Compagnie Stiching Pels

  • Conception et mise en scène Jakop Ahlbom. Avec Luc van Esch / Yannick Greweldinger / Judith Hazeleger / Silke Hundertmark / Sofieke de Kater / Gwen Langenberg / Thomas van Ouwerkerk / Reinier Schimmel

La Grande Halle de La Villette s’adapte à toutes sortes de performances, comme celle de la Fura dels baus qui mettait le public sous le joug d’une autorité dictatoriale. Dans le cadre du festival 100 %, on découvre la création scénique du dramaturge néerlandais Jakop Ahlbom, dans la lignée des films de Kubrick, Hitchcock ou Carpenter, avec du son qui vibre et résonne démultiplié, associé à des jeux de lumières et d’illusionnisme à faire frémir toute une audience.

Trois jeunes gens arrivent dans une maison dont on se rend compte qu’elle est habitée. Les tableaux bougent aux murs, les chaises se déplacent et le placard est un puits de lumière qui a ses occupants : on entend un bébé crier, il en sort une jeune femme pâle, échevelée, hurlante. Il semble que l’héroïne soit confrontée à ses propres démons, des fantômes qui se déplacent comme des animaux vénéneux, par saccades.

Les comédiens jouent juste, sans une parole mais sur une bande son imparable constituée de hurlements, de crissements et de basses vibrionantes, dans un ballet précis, agrémenté de combat où les corps s’enchevêtrent et se projettent avant de finir décapités, égorgés, poignardés.

Dans le style la comédie horrifique, on avait vu un duo vampire à la Huchette, une comédie policière au Tristan Bernard, un cabaret dégénéré à la Comédie République et, souvenir plus lointain, une comédie hantée avec la troupe du Bout… Mais ici, rien à voir : on n’est pas là pour rire, même si une scène gore arrache quelques gloussements aux spectateurs médusés, collés à leurs sièges. Horror nous prouve que le théâtre peut être aussi angoissant que le cinéma, un peu à la manière dont Joël Pommerat parvient à produire une inquiétante étrangeté à la David Lynch – ce qui rappelle aussi Mister Monster, vu en 2011 à la Villette.

Tous les trucs du film d’épouvante sont ici repris : la fille qui marche à l’envers comme une araignée façon l’Exorciste, un personnage qui se voit lui-même filmé comme dans Lost Highway, des apparitions à tressaillir, un arrachage de langue ultra gore ou une main qui se promène seule comme dans La Famille Adams… Pour sceller le malaise, ce sont des figures enfantines, innocentes qui servent la perversion du scénario, avec une gémellité en miroir entre deux filles, l’une fantôme et l’autre réelle, qui achève d’installer l’horreur au cœur de la réalité.

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