C’est l’histoire d’un routard de l’humour à la carrière déjà solide, lauréat de Graine de Star en 1996 (oui oui, avec Laurent Boyer), membre de la bande du Carré Blanc dès 1998 où il côtoyait Jean Dujardin, Philippe Urbain, Joucla et Massot, Éric Collado, Luc Antoni et Sonia Mathieu, auteur de Farce Attaque avec Dujardin, un programme court innovant pour l’époque, et qui participe aujourd’hui au retour de Brice de Nice. Pendant que son pote décrochait un Oscar pour The Artist à Hollywood, il continuait son bonhomme de chemin dans la série « Fais pas ci fais pas ça » sur France 2, dont il tient toujours, et pour la denière saison, un rôle récurrent.
Mais Bruno Salomone n’a jamais quitté la scène. Pas étonnant, donc, de retrouver au Petit Montparnasse un comédien très à l’aise dans son nouveau show coécrit avec Gabor Rassov, rencontré sur le tournage de la Clinique de l’amour et qui a collaboré à l’écriture du dernier show des 26000 couverts. Euphorique raconte l’histoire de Golri – oui, c’est du verlan -, un enfant né en rigolant, et qui va passer sa vie à se marrer, même et surtout dans les pires circonstances. Salomone interprète ainsi une quarantaine de personnages, notamment le lascar père de famille qu’on avait vu dans son précédent spectacle, un grand père marseillais, une cagole, un chanteur dépressif joué avec un réalisme troublant.
Cette histoire très originale n’est pas racontée par un narrateur unique, comme c’est souvent l’usage dans les one-man-show, mais, successivement, par tous ses personnages. A cet égard, ce qui frappe c’est l’art des transitions : on passe d’un personnage à l’autre avec un son, une lumière, un mot, un geste d’une façon très fluide, gracieuse presque. En plus, par moments, sans qu’on s’y attende, Bruno Salomone s’offre le luxe de faire un break dans son propre show, par exemple pour imiter des cris d’animaux pendant trois ou quatre minutes. Bref, une mécanique de haute précision, parfaitement huilée, où le comédien fait absolument ce qu’il veut.