La Chienlit, épisode 2 : la Force tranquille.

  • Ecrit et mis en scène par Alexandre Markoff. Avec André Antébi, Jacques Bourgaux, Jérémy Buis, Juliette Chaignaux, Léonor Chaix, Ivan Cori, Sébastien Delpy, Nicolas Di Mambro, Matthieu Fayette, Sophie de Furst, Sylvain Tempier, Aline Vaudan.
  • Spectacle vu le 30 novembre 2015 à

La chienlit : c’est ainsi que De Gaulle décrivait la France de Mai 68, pour signifier le désordre, la désorganisation, le chaos créés par les manifestations. C’est aussi le nom d’une fresque théâtrale en cinq épisodes, adaptée à la rue et à la scène, qui tient aussi bien de Chute d’une nation pour le côté feuilletonesque et réaliste, que du Porteur d’histoire pour la force narrative et la présence scénique des acteurs. Toutes ces qualités sont réunies par Alexandre Markoff qui dirige les douze comédiens de son Grand colossal théâtre dans le deuxième épisode de cette fiction théâtrale. Cette même troupe, composée notamment de Léonor Chaix, moitié du duo Déshabillez mots, nous avait plié de rire dans Discorde, une pièce courte montrant une série de brouhahas scéniques lors du festival Mises en Capsules.

Devant le désordre engendré par la grève des éboueurs, le maire d’une commune française cherche une solution et s’entoure de conseillers en communication. Les éboueurs, de leur coté, tentent de résister en créant un contre-pouvoir associatif qui demeure chaotique, tandis que les habitants de la ville s’organisent tant bien que mal en comités de quartiers pour résoudre leurs problèmes quotidiens. La fiction se développe sur un terreau plutôt réaliste.

Ce chœur de comédiens, toujours en mouvement, passe d’un côté de la scène à l’autre, disparait un instant pour mieux resurgir, un chapeau ou une veste suffisant à changer les rôles. Ainsi incarnent-ils aussi bien les éboueurs dans leur squat, les habitants d’un immeuble ou le maire et son équipe de conseillers municipaux.

Des petites histoires surgissent de ces trois groupes de personnages : la stagiaire de mairie que personne ne prend au sérieux et qui mène son enquête, les coups bas entre candidats, chacun espérant profiter de la situation pour s’élever dans les sondages, les petits trafics qui divisent les locataires, comme ces cafards recouverts d’un suint hallucinogène qu’un quidam collecte pour les revendre.

Une vie éparse se crée petit à petit sur la scène balayée d’un souffle étonnant, et la prouesse d’une telle entreprise théâtrale est de nous renvoyer en pleine face la tempête du réel, dans une forme concrète, immédiate, dépourvue des afféteries parfois attachées au genre.

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