Le centre Jemmapes accueille souvent des artistes plus familiers des festivals de rue que des scènes parisiennes, à l’image de Maria Dolores, le clown de Lula Hugot. Dans le cabaret burlesque Ave Pussycat , elle fait d’ailleurs office de Madame Loyal, fêtant 25 ans d’union avec son mari d’origine grecque (Christian Tétard). Par rapport aux autres spectacles du genre, Ave Pussycat compte plus de personnages comiques que d’effeuilleuses, ce qui fonctionne très bien. En plus, on est heureux de découvrir sur scène Raymond Raymondson, notamment dans son numéro de close-up animalier. A l’aide d’un lapin et deux cailles plumées, il électrise le public, après avoir enchaîné des gimmicks de magicien ridicule, mouvements de mains et claquements de doigts signifiant cette magie qui n’apparaît pas, dans un élan désespérant et génial…
La soirée est ambiancée par un groupe de rock à l’ancienne, façon Happy Days, les Perfectos. Entre strip tease et humour, Ava parodie la femme fatale enivrée de sa propre beauté, cuisine une fougasse, avale des lames de rasoir ou épouse de son corps du verre fraîchement pilé. Pour l’érotisme, Cherry Lyly Darling et Lila Chupa-Hoops se dévêtent avec un art consommé de l’effeuillage, tandis que Donna Coeursleone, enceinte de sept mois et sensuelle, accouche de bambins inanimés en madone chrétienne.
Maria Dolores est au sommet de son art : qu’elle saute comme un dauphin, organise une soirée dans un foyer des jeunes-filles-mères (sic), se prenne pour Catherine Deneuve ou Nana Mouscouri, ça marche… On l’apprécie aussi en Bibi, avec son blouson de cuir bleu électrique, quand elle part dans un délire années 80 où perce tout le drame esthétique de l’époque. Alors qu’un technicien ne cesse de traverser la scène (Raymond Raymonson), une ignoble femme de ménage se transforme en mannequin androgyne. Bref, tout part en live sur ce plateau balayé d’énergies disparates. Et même si la soirée est un peu longue – 2h15 plus une demi-heure d’entracte -, c’est un des cabarets les plus marrants de la scène actuelle.
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