L’art du rire, de Jos Houben

Jos Houbens est flamand, mais c’est en français qu’il analyse l’art du rire. Une pièce unique, loin de la Masterklass de Pierre Byland ou de la conférence d’Alain Gautré, ses anciens camarades de l’école Jacques Lecoq où il enseigne maintenant. A force d’avoir été apprécié en Belgique, en France, en Angleterre et ailleurs, ce cours de clown est devenu un spectacle à part entière. Une défense et illustration du rire, bien plus ludique qu’une théorie à la Bergson. Une conférence à la fois drôle et sérieuse où chaque idée est aussitôt illustrée par un geste, une chute, une mimique, une démarche hilarante. Tout est parfaitement mesuré dans ce monologue de 1h10, où transparaît l’essentiel de ce qui touche au rire. Ses références ? Aphergis, Brooke et Beckett, plutôt que les comiques qui n’ont pas tous le sens de l’humour.

Le comédien nous montre que le rire est d’abord physique, c’est une posture, une cascade qui déstructure les mouvements du corps, devenus irrationnels et parfois violents. Plus il y a de gestes parasites et plus c’est drôle. Voyez, dans l’armée, l’écart entre la tension musculaire du soldat au garde à vous et la nonchalance du général dont la supériorité se traduit par une économie d’efforts. Jos Houben démonte, analyse, dresse une géniale typologie des mouvements de tête ou de jambe, en évoquant les principes de l’horizontal et du vertical pour définir le rire : celui qui tombe craint d’être mis au ban de l’humanité car il a perdu sa verticalité, sa hauteur, sa dignité. Ce n’est donc la chute en soi qui est drôle, explique-t-il, mais la réaction de l’homme à terre qui craint qu’on ne l’ait vu dans cette humiliante posture.

Jos Houben évoque aussi l’anthropologie animalière et ses « imitations de fromage » qu’il faisait enfant, au repas, pour amuser la famille… Au fond, ces observations simples sur le quotidien révèlent les aspects les plus essentiels de l’âme et du comportement humains. Ça touche au cœur, au cerveau, à l’émotion. Pour « instruire en amusant », comme disaient les classiques, on ne pouvait rêver mieux…

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