Avec ce jeu de mots en guise de titre, on craint le pire. Mais le trailer révèle quelques punchlines bien envoyées et l’affiche une blonde aux bras tatoués à une table de café. Sur scène, Doully nous fait part de son passé d’accro à l’alcool, à la coke, aux soirées qui ne finissent pas. Angle original : c’est la première fois qu’on voit une comédienne évoquer de façon aussi directe non seulement l’alcoolisme, mais en plus la toxicomanie. Elle confie, en outre, avoir échappé à la mort. Doully nous revient de l’au-delà…
Dès le départ, voix éraillée de rockeuse en bout de course, Doully y va franco en évoquant cette injustice en forme de paradoxe : elle n’a jamais été aussi souvent considérée comme une tox marginale que depuis qu’elle a arrêté de boire et de se droguer. Elle a troqué la vodka pour le thé. Mais las, personne ne croit à sa sobriété, ni les gens en soirée, ni le taxi, ni les policiers. Et pourtant, désormais, elle se souvient de toutes ses sorties, en particulier des blagues pourries que ses potes auront oublié le lendemain – pas comme elle, hélas. Autre tare qui la guette : l’insomnie. Elle livre une analyse détaillée de cette pathologie injustement délaissée par la médecine, vue comme une perte de rationalité nocturne, qu’elle passe en mode shopping débridé online ou qu’elle braque son frigo façon folle boulimique.
Ses allusions marrantes et trash à la drogue, au cul, aux médocs sont toujours bien senties. Mais petit à petit, le show s’allonge, s’étire, la confession stand-up laisse place à des sketchs plus convenus, comme l’inévitable homélie à l’église, un classique du one-man qu’elle agrémente d’un jeu assez lourd avec le micro, alternant ce qu’elle dit au public et les apartés à son pote en régie. Côté sonore, sa voix à l’arrache alterne avec une diction affectée à la Franck Dubosc et son visage s’anime de mimiques vues ailleurs, chez Foresti notamment. Le panache du début s’étiole comme le côté subversif. Dommage… Peut-être que Doully gagnerait à resserrer l’ensemble pour ne garder que le plus original. Car son texte est bien écrit, et son propos intelligent fuse parfois comme un pétard dans une soirée guindée.