Sarkha – Nouveau cirque tunisien, par la Cie Najma

Au regard de Pentimento, l’adaptation du Lac des Cygnes par Madona Bouglione vue le même soir, Sarkha, « cri » en arabe, est un spectacle techniquement moins abouti mais sans doute plus convaincant. L’atmosphère y est authentique, originale, comme animée de l’élan vital, impétueux que portent ces artistes de l’École Nationale des Arts du Cirque de Tunis. Un projet jeune, plein d’énergie, né avant l’éclosion des révolutions arabes, animé du même ferment d’insoumission à l’égard d’une société sclérosée, où les femmes sont opprimées et la jeunesse tourne en rond.

Loin des déguisements raffinés du spectacle de Madona Bouglione, athlètes et acrobates sont vêtus d’habits amples au tissu bleu clair. On est happé par une musique d’ambiance orientale aux aspérités électro, par les mouvements fluides et symétriques des corps enlacés aux trapèzes, suspendus dans les airs, tantôt esthétiques, tantôt périlleux. Au sol, sans virtuosité acrobatique, les athlètes exécutent peu de figures, mais retrouvent agilité et vigueur aux mâts chinois. Les corps s’agitent et se percutent, tournoyant sur la piste dans l’effervescence d’une jeunesse révoltée contre un pays qui l’opprime. Musellement, claustration, oppression : tout cela est suggéré, l’émotion passe.

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