Aujourd’hui, l’histoire de Sacco et Vanzetti est un peu oubliée : dans les années 20, aux États-Unis, deux anarchistes italiens sont accusés d’un braquage et de crimes qu’ils n’ont pas commis, avant d’être condamnés à la chaise électrique. Une chanson de Joan Baez témoigne de cette injustice, ainsi qu’un film de Giuliano Montaldo et un poème d’Aragon, notamment.
Pour interpréter le couple d’anarchistes, le metteur en scène et comédien François Bourcier a choisi deux compères soudés par leur duo, Dau et Catella, dont le « one-man-show pour deux » date de 1989. Le grand costaud et le petit gros se complètent toujours aussi bien. Ils évoluent à l’aise dans ce décor sobre et fonctionnel, sur fond d’images d’archives projetées sur un grand un drap blanc.
La pièce d’Alain Guyard montre Nicola Sacco quatre heures avant son exécution, dans sa cellule où des ampoules suspendues grésillent lorsque fonctionne la chaise électrique, depuis l’autre bout de la prison. En fait il n’est pas seul : son compère Bartolomeo Vanzetti lui apparaît dans les vapeurs de l’angoisse. Ils entament un dialogue au fil duquel se lit leur parcours, leur procès, les manipulations dont ils ont été victimes, leur aspiration à une liberté inconditionnelle, loin de l’aliénation du quotidien, à un patron, un travail… Liberté ou sécurité, critique ou maintien du pouvoir, courage ou lâcheté : si l’alternative des idéaux est présentée avec un didactisme parfois manichéen, leur mise en scène est frappante, comme cette discussion entre Vanzetti et le gouverneur cynique, prêt à sacrifier un innocent pour gagner l’opinion. Car c’est un duo au sommet de son art qui incarne cette pièce engagée, aux résonances actuelles.
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