Pierre Byland est une icône de l’art du clown. Suisse allemand formé à l’école Jacques Lecoq, cofondateur du Centre National des Arts du Cirque, il a créé deux compagnies, une vingtaine de spectacles et joué avec les plus grands. C’est donc une figure impressionnante dont on s’apprête à découvrir la « Masterklass », création centrale du festival « Le clown fait le Byland », à l’Épée de bois en octobre et novembre 2011.
Des acteurs de différents pays sont réunis dans un cours sur le nouveau clown. Ils font une enquête sur l’homme, « homo stupidens » au nez rouge, dont l’issue couronnera le meilleur d’entre eux. Sept élèves sont assis derrière leurs pupitres, tandis qu’un surveillant répète les instructions lentes et monocordes énoncées par le maître, Pierre Byland, costume et chapeau noir, dans un micro branché trop fort. Soit quasiment le même dispositif que dans Masques et nez, le cabaret des 26000 couverts, ou la conférence d’Alain Gautré : un cours de théâtre ouvert, partagé avec le public.
Après avoir ôté faux nez, moustaches et perruques – oui, le clown est une mise à nu de ses propres défauts -, les comédiens vont et viennent en s’agitant, les portes s’ouvrent, se ferment, sans parvenir à créer un rythme. Dès les premières minutes, on pressent que le spectacle est emprunt d’une distanciation qui se distingue mal d’un didactisme lent et pesant. Ces automates répètent les mêmes gestes, dirigés par le maître qui bredouille les mêmes conseils en leur donnant des points « minus » et des points « bonus » qu’ils inscrivent aussitôt à la craie sur leurs tables, comme pour parodier une autorité idiote et arbitraire. Au bout d’un moment, chacun présente son choix pour le grand oral, une chanson, une jonglerie, une saynète, ils chantent tous, avant que ne soit désigné le gagnant de la Masterklass au bout d’une 1h45 d’attente interminable.
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