Comme les Chiche Capon aux Mathurins voisins, on se réjouit que de jeunes clowns-comédiens investissent un beau théâtre parisien. Masques et nez réunit 14 acteurs d’une trentaine d’années, dont cinq improvisent chaque soir sur des trames qu’ils connaissent. Le dispositif, très en vogue en ce moment, montre l’envers du décor : toutes lumières allumées, le public assiste à une séance de théâtre amateur encadrée par le prof, Igor, assis au fond de la salle. Tous portent soit un masque, soit une perruque et un nez de clown, pour incarner des personnages bien trouvés, à la fois ordinaires et étranges.
Ce soir là, on découvre un fayot à mèche qui travaille dans le cinéma, un vieux Marseillais gouailleur au passé obscur, une fille maladivement timide, un ouvrier en bâtiment et un lascar stressé qui boxe dans le vide. Chaque acteur campe un type particulier, caricatural mais réaliste, rendu ridicule par son déguisement. Après une présentation et un exercice d’expression corporelle, chacun présente quelque chose : un extrait de Roberto Succo, une poésie slam, une scène culte de La Grande Vadrouille… Ces passages sentent le réchauffé, la trame préparée, à l’inverse des moments improvisés où les personnages s’interrompent, s’engueulent et font décoller le spectacle ! Au terme d’1h15, comme dans les shows d’impro, un signal annonce la fin de la session.
Masques et nez est un hommage aux traditions de la commedia del arte, du clown (voir la conférence d’Alain Gautré) et du masque, auquel ces comédiens ont été initiés par Mario Gonzales, qui a dirigé en 2007 leur Molière masqué au conservatoire… Bon, le dispositif ouvert, façon Grand Mezze ou 26000 couverts, autorise par définition faiblesses et approximations. Mais on est surpris, amusé, diverti. D’un bout à l’autre presque, ça fonctionne !
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