Marc Jolivet célèbre 41 ans de carrière et il est fier d’avoir été le premier humoriste, il y a quatre ans, à jouer son spectacle dans la prestigieuse salle Gaveau, d’habitude réservée aux concerts de musique classique. Pour une somme assez modique (ça commence à 18 euros), il se targue d’offrir un show de trois heures avec entracte aux spectateurs les plus démunis, notamment ceux de « Ris Orangis ». Façon empereur, dans les échos vrombissants de « Carmina Burana », il débarque pour crier « la crise », un gimmick à la Walt Disney qui revient comme un leitmotiv.
« Toi le pauvre, tu peux rester dormir ici », assène-t-il, avant de présenter la vedette américaine, la lisse Audrey Vernon. Le thème de son spectacle, « Comment j’ai épousé un milliardaire », plaît sans doute à Jolivet, tout comme ce galbe qu’elle dévoile en enfilant sa robe de mariée. Après s’être plainte de retrouver « une salle de pauvres », elle explique, diction et didactisme à la limite de l’ingénuité, comment elle a étudié la liste du magazine Forbes pour repérer son futur mari, ou sa technique pour parler matières premières dans les soirées de PDG friqués…
Lorsque resurgit l’agité Jolivet, le public réveillé voit la différence : il dialogue avec son supposé régisseur (excellent Guy Laporte), fredonne « Le fils d’Hitler » (1974) ou « Pierre et Marc » (1978), avec une nostalgie vite dissipée. En mode stand-up, il passe du coq à l’âne, cause politique, évoque au PS la victoire de « Moumou » sur « Mémère » et « Fofolle », balance une imitation ratée de Luccini, prône avec un brin de démagogie « la solution finale pour les cons », imagine un gouvernement abstentionniste. Après un cours de géopolitique en 5 minutes, il raconte une désintox sexuelle aux États-Unis soignant l’excès par le dégoût (marrant). Enfin, il imagine de nouvelles applications smartphone : crème glacée, fer à repasser ou anti-con (forcément)…
La deuxième partie, plus courte et plus ludique, fait intervenir ses musiciens, deux clowns trompettistes qu’accompagne la brillante violoniste Sandrine Mazzucco, soi-disant payée 10 euros par jour car elle n’a pas de papiers : tous trois remplacent l’orchestre symphonique lyonnais avec qui Jolivet a fait, avant Michel Leeb, son Comic Symphonic. C’est ensuite une série de blagues sur les Chinois, seule communauté dont on peut rire aujourd’hui, car si on pouvait faire du lancer de nains il y a 20 ans, aujourd’hui « la minorité se sent insultée ». Il termine par un sketch choisi par le public, « la caisse de tuiles », qu’il interprète en karaoké, les spectateurs étant censés finir ses phrases…
Bref, un joli spectacle, long sans être chiant… Avec un peu plus de messages politiques que d’autodérision, chez cet homme qui la joue artiste super engagé.
Pingback: Le 4e festival de la Nouvelle Seine, du 13 au 30 Septembre 2016 - CRITICOMIQUE