Les 39 marches c’est d’abord un film d’Hitchcock adapté du roman éponyme de John Buchan, qui raconte une aventure à rebondissements. Poursuivi par un inspecteur après le meurtre d’une femme croisée dans un théâtre londonien, un dandy déjoue un complot qui le mènera jusque dans la lande écossaise. De cette pièce à succès planétaire, Éric Métayer a signé une adaptation française qui a reçu le Molière de la Comédie en 2010. Sur scène, il mène sa barque avec panache et une inclination peut-être excessive pour les lazzis et les clins d’œil au public, soulignant la mise en abîme de la pièce en train de se jouer. Dans le même registre que le Tour du Monde en 80 jours, qui narre aussi une course-poursuite, nous voici dans un théâtre burlesque et cinématographique, où quatre comédiens se démènent pour incarner une foule de personnages à un rythme effréné.
A voir l’enchaînement des intrigues, les jeux de chapeaux qui s’échangent, les personnages qui se bousculent, le théâtre fait concurrence au cinéma. Les acteurs multiplient d’ailleurs les effets spéciaux parodiques, en mimant par exemple des rafales de vent qui secouent leurs vêtements. Comment ne pas éprouver un ébahissement enfantin face à l’efficacité de jeu et la capacité des acteurs à suggérer tant avec si peu, un bout de décor, un chapeau, une moustache ? Un pot-pourri mêlant comique de répétition, imitations d’animaux, allusions parodiques à l’actualité ou à l’histoire du cinéma, jeux de marionnettes, ombres chinoises…
Christophe Laubion est parfait en dandy flegmatique et imperturbable, Herrade Von Meier très bonne pour jouer la bêtise sans caricature outrancière, tandis que le mystérieux Jean-Philippe Bêche est le complice idéal des farces d’Éric Métayer. Chaque acteur joue ainsi sa partition avec une énergie généreuse, créant une symphonie qui vibre au rythme de l’action.