Jokenation, c’est un nouveau concept lancé par Grégoire Furrer, fondateur du Montreux Comedy Festival dont l’idée est de créer une « communauté internationale de l’humour », francophone d’une part, avec des sélections d’humoristes venus de France, de Suisse, de Belgique, du Canada et d’Afrique francophones, mais aussi anglophone, avec des talents issus des Etats-Unis et du Canada, du Royaume-Uni, d’Afrique du Sud, d’Asie Pacifique & du Moyen-Orient ainsi que d’Europe Continentale & de Russie. Chaque pays ou continent a un ambassadeur et le jury élit un gagnant au cours de chaque soirée, soit l’un des participants sélectionnés parmi des centaines de candidats. La finale française, présentée par Vérino, avait lieu au Palais des Glaces lundi 9 novembre.
Le spirituel et jovial Vérino, à l’aise pour improviser tranquillement, se montre parfait dans le rôle du maître de cérémonie passeur de plats. Sans trop en faire, il alterne impros et séquences de son deuxième spectacle où, après Gad Elmaleh et Florence Foresti, il témoigne de son expérience de jeune parent. Il le joue actuellement au Grand Point Virgule d’où il enregistre un podcast très rythmé, boosté par les vrais rires de spectateurs.
Qui sont donc les huit humoristes présélectionnés par le jury, et dont l’un rejoindra Montreux ? On retrouve Max Bird, honoré par un Molaire de la scène ouverte Kandidator, quittant son registre de mime ptérodactyle pour un concept de one-man culturel et intelligent, composé de sketchs racontant un épisode de l’antiquité, ici l’histoire d’Oedipe et Jocaste. Autres anciens de Kandidator, Gaëtan Matis verse toujours dans l’humour noir et pince-sans-rire, avec une outrance un peu forcée dans ses penchants pseudo racistes pour faire provoc, tandis que Laura Laune, gagnante du Montreux Comedy Contest 2014, joue d’une ingénuité infantile lorsqu’elle narre un conte de fée pornographique impliquant des animaux de la ferme. On découvre un duo de filles à l’humour un peu figé et aux ficelles bien visibles, Les Bimômes, qui peinent ce soir-là à interagir avec le public. Akim Omiri fait rire en douceur, sans forcer, Paco Perez, tranquille, propose une réflexion stand-up fine et originale sur ces politesses qui contiennent en puissance des insultes, Aymeric Lompret, très en verve aussi, s’illustre dans un style décalé et surprenant, au phrasé rythmé et Adrien Arnoux, découvert en première partie de Shirley Souagnon, évoque à nouveau l’agression sexuelle qu’il a subie dans le métro. Mention spéciale à Patrick Chanfray, qui clôt la soirée avec son assurance, sa voix qui porte, sa décontraction, ses démarches à la Monty Python et ses sautes d’humeur : un talent très original.
A l’issue d’une soirée un peu longue, 2h15, tandis que Vérino nous lâche un nouveau sketch sur les futurs distributeurs de pain, le jury, après s’être réuni en coulisse, dévoile son choix sans épiloguer : Adrien Arnoux. Pourquoi lui ? Peut-être l’efficacité d’un style stand-up typique. Avec sa voix grave et langoureuse, un flow à la Tomer Sisley, et ses observations bien vues sur le métro ou la société, Arnoux est au cœur même de la tradition stand-up. Rendez-vous le 5 décembre à Montreux où il représentera la France avec Vérino, aux côtés de quatre autres binômes d’humoristes francophones !
Pingback: « Stand Up 4 Africa » - CRITICOMIQUE
Pingback: Patrick Chanfray sont seuls en scène - CRITICOMIQUE
Pingback: Critique du spectacle : Aymeric Lompret au Sentier des halles | CRITICOMIQUE
Pingback: Critique du spectacle : Aymeric Lompret au Sentier des halles | CRITICOMIQUE