Un peu à la manière de Luchini, moins hystérique mais non moins éloquent, Jacques Weber reprend à Marigny son seul en scène pour dire les textes qu’il aime. Sans que jamais ne soient cités les noms des auteurs, le comédien enchaîne des fragments de Claudel, Molière, Devos, Corneille, Courteline, Shakespeare, Rimbaud et d’autres. De sa voix de ténor, diction classique et souffle qui vient du coffre, Jacques Weber nous donne une leçon de théâtre et de déclamation dans la lignée de Jouvet qu’il cite d’ailleurs à plusieurs reprises. Il se fait aussi, comme Luchini, prof de français en décorticant durant un bon quart d’heure « le Corbeau et le Renard » de La Fontaine, d’une verve inspirée et convaincante et dit « Roman » de Rimbaud (« On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans »…) avec une justesse à faire frissonner. On passe ainsi du poétique au trivial, notamment lorsque le comédien ironise sur les discours ridiculement pompeux de certains de ses confrères.