Découvert au Popul’air, un mini café-théâtre du 20e, alors qu’il était presqu’inconnu, Guillaume Meurice a fait son chemin et passe régulièrement sur France Inter. Tout comme l’était le précédent, ce spectacle est à la fois original et commun. Original parce que c’est un one-man assez conceptuel, scandé par un unique personnage de communiquant cynique et désabusé. Commun parce que cette figure de pubard dépourvu d’idéaux est un leitmotiv de la scène comique, depuis le sketch des Inconnus jusqu’au show de David Azencot, en passant par 99 Francs de Frédéric Beigbeder.
Attelé a son bureau, fredonnant une chanson de Sardou (cible facile qui est aussi celle de Thomas VDB ou Pierre-Emmanuel Barré), voici, costard tiré à quatre épingles, un directeur de com sans états d’âme sur le point de devenir numéro un de sa boite. Sa mission : rétablir le dialogue entre le peuple, figuré par les spectateurs, et ses dirigeants. Il se lance ainsi dans un grand discours sur le monde comme il va, critiquant les Français qui manifestent à la moindre occasion et refusent de travailler. Sur la même scène flottante, on avait vu trois mois plus tôt le spectacle de Marc Voisin qui parodiait l’univers managérial avec des accents plus singuliers. La critique de Guillaume Meurice semble à la fois bien vue et convenue, lorsqu’il s’agit de pointer l’indécence de litotes niant l’atrocité de la guerre, comme « frappes chirurgicales » ou « guerre humanitaire ». Oui, c’est l’engagement à gauche du bonhomme que dessine en creux ce portait cynique.
Bien que son spectacle soit très construit, le comédien fait abondamment intervenir le public en improvisant sur ses réactions. Certaines de ses attitudes semblent déjà vues et sa voix a des accents entendus ailleurs. Reste que Guillaume Meurice tient son personnage de bout en bout, dans une interprétation juste, sans accroc et même enflammée lorsqu’à la fin il demande au public de crier pour le soutenir dans l’épreuve…