Après Décalages, un premier one-man qui racontait son passage du Maroc au Québec et du Québec à Paris, et avant d’amorcer le tournant stand-up de L’autre c’est moi, Gad Elmaleh, peut-être à son summum, affirme ici sa personnalité et son univers singuliers.
La vie normale contient plusieurs classiques de l’humoriste : le sketch de la cigarette, ou comment commencer à fumer pour se donner une contenance, celui du grand-père évoquant le téléphone portable qui permet à ses enfants de l’esquiver lorsqu’ils passent « sous un tunnel », la visite de l’appart’ par un agent immobilier ultra inventif, ou le sketch mythique de Coco, qui donnera plus tard naissance à un film malheureusement médiocre – à l’inverse de l’émouvant Chouchou.
Les chutes sont spirituelles, explorant parfois les sens équivoques d’une phrase, comme Coco disant « je les ai éclatés, mais moi je m’éclate pas », ou le papy qui répète, à peine modifié, le message du répondeur de son fils : « Je suis pas là pour l’instant » / « Je suis là, enfin pour l’instant ».
Il y aussi ses délires à la guitare et « Petit oiseau », sa chanson absurde interprétée avec un vrai sens du rythme. Enfin, dans le sketch de la cigarette, Gad Elmaleh commence à trouver ce ton et cette voix un peu niais qui prendront corps, au spectacle suivant, dans le « blond », ce cadre sup à la perfection ridicule et exaspérante.
