Après trois étés de succès sur France Inter, Léonore Chaix et Flor Lurienne amènent sur scène le concept de leur émission : faire parler les mots, un angle original du jeu de langage qui ne consiste pas à dire des calembours mais à donner corps, par allégorie, à des notions comme la jalousie ou la virilité. Au début, les comédiennes parlent d’une façon qui peut sembler artificielle, puis on s’habitue à leurs codes et à leur univers où concepts et mots s’enchaînent sans monotonie, dans une mise en scène qui crée beaucoup d’effets avec peu de décors. Et même si elles manquent d’abord d’assurance, elles se lâchent dans cet exercice hybride entre théâtre et radio, avec toujours cette touche sensuelle, érotique qui fait l’originalité du programme.
Les séquences, semées de questionnaires de Proust et de citations de Chesterton ou Musset, manquent parfois de spontanéité mais elles sont bien menées. Ainsi défilent en chair et en os l’infidélité en lunettes de soleil, la décision qui est le contraire de l’aboulie, ou la pusillanimité, en voie d’extinction, qui craint l’audace et la responsabilité… On (re)découvre la différence entre ennuyant et ennuyeux, ou bien entre l’intention et l’attention souvent utilisées de façons impropres. Un concept intelligent, un modèle de pédagogie didactique et un plaidoyer pour maintenir en vie certains mots inusités !
Un musicien choisi pour son originalité anime les 20 premières minutes – ce soir là c’était Tony truand, cheveux et chansons en pétard, avec sa guitare électrique réglée un peu trop fort par rapport à la voix et ses refrains à la Didier Super : « j’ai pris du speed pour tenter d’être moins stupide, j’aurais mieux fait de sniffer de la colle forte » ou « parce que tu viens de la campagne, c’est difficile de baiser !!! »