Quatre ans après s’être envolé, Demaison, aguerri par ses chroniques télé et ses rôles au cinéma, s’évade. Le comédien nous transmet son bonheur de retrouver la scène, le seul endroit où il est aussi libre de s’inventer des personnages, des vies.
A contre courant d’un stand-up où l’on tchatche sans se fouler, le travail du comédien est ici mis en valeur dans une bonne vieille galerie de portraits. Incarnant une série de personnages avec une maestria extraordinaire – la vieille bourgeoise qui monte un riad à Marrakech, une avocate tyrannique et hype, un patron de théâtre homo à la voix de Brialy, dont les anecdotes se terminent toujours par « il m’a enculé le p’tit con » -, il ne laisse pas une seconde de répit au public, hilare d’un bout l’autre de sa prestation survoltée. On croise aussi un conseiller en adultère, un gynécologue italien qui pratique l’accouchement « Bel Canto », ou un pépé fumeur de shit, amateur de hip-hop et d’Irlandaises bien en chair qui allaitent au Baileys.
Si le premier épisode était percutant, avec cet entraîneur de boxe à la trogne inédite et cette créature cartoonesque, Pitou le castor, qu’on a plaisir à retrouver ici, celui-ci l’est encore davantage ! Pas une minute de trop dans ce show écrit au millimètre, tendu comme un fil jusqu’au salut final, où les remerciements, passage obligé et un peu rébarbatif, arrivent noyés sous un flot d’applaudissements. Avec Gad Elmaleh et quelques autres, Demaison est l’un des rares humoristes français dont le talent polymorphe rivalise avec celui des grands showmen américains. Les textes, bien écrits et spirituels, sont servis par un jeu d’une précision parfaite, aussi bien les voix, les expressions du visage, que les situations. Une leçon de one-man-show qui gagnerait à faire école.
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