Dans le premier des quatre volets – tous excellents – de Chute d’une Nation, sitcom théâtrale de politique-fiction, Yann Reuzeau plante le décor : la gauche s’organise pour faire face à la Présidente qui risque de gagner une nouvelle élection. Un député intègre et catholique, sans ambition dévorante, est soudainement placé sur la sellette par un communicant qui lui demande d’attaquer un dinosaure de son propre parti.
Les comédiens sont très convaincants, avec un jeu au réalisme télévisuel, en particulier Didier Mérigou (le communiquant) dont la diction scandée est celle des héros de séries américaines. Si le jeu de Walter Hotton (le député) est si emprunt d’énervement et de confusion, c’est pour souligner l’affolement de son personnage. Sophie Vonlanthen est parfaite en assistante parlementaire vivant par procuration l’ascension de son patron dont elle cherche à affermir l’attitude. Enfin, Yvan Lambert est, sur scène, un vrai dinosaure décidé à rester en place coûte que coûte.
Ce premier épisode, fluide et sans fausse note, passionne comme la vie politique, avec ses coups bas et ses gloires passagères. Le choix d’une forme feuilletonesque par Yann Reuzeau est judicieux, puisque celle-ci installe ces jeux de pouvoir et d’alliances dans le temps de la complexité, avec une intensité confuse qui donne un côté vivant à ce reality show. D’ailleurs, à la fin de la pièce, on découvre le résumé des épisodes suivants, tout comme dans les sitcoms télé.
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