La figure du loser est un classique du one-man-show, incarnée notamment par Jérôme Daran qui en a fait sa marque de fabrique. Céline Groussard joue sur cette corde avec une logorrhée verbale qui traduit la parole hésitante, tremblante, bloquée de celle qui est du genre « à fermer sa gueule » en toutes circonstances. Durant 1h20, elle incarne ce personnage de fille qui galère à tous les niveaux, au lit comme en société : son nom est anti-sexy au possible et elle se dit moyenne par sa taille, son âge, sa beauté, bref, incapable de déclencher autre chose que des « demi-molles » (sic).
Au cours de sa confession, elle voit sa fierté et sa dignité l’abandonner, arnaquée dans un club de gym et « testiclaquée » (version testiculaire de la biffle) par un mec qui va se finir dans son tiroir à chaussettes. Oui, le propos est hardcore et le spectacle déconseillé aux moins de 16 ans. Céline Groussard n’y va pas par quatre chemins pour exprimer sa misère sexuelle. Elle cherche quelqu’un qui pourra l’estimer ou la respecter, mais chaque fois son interlocuteur la ratatine et chaque fois elle marmonne ce gimmick presqu’inaudible : « Non mais ça va, c’est pas comme si j’avais pas l’habitude ». Pourtant, lorsque seule devant sa glace, elle s’imagine avec du courage et de la repartie, son flot empêché explose et elle lâche une bordée d’insultes hardcores et psychédéliques.
Céline Groussard décrit la biffle à l’aide d’un maracas fait maison, se montre presque nue en body, la languette de son juste-au-corps figurant un camel toe qu’elle donne à observer aux spectateurs mâles, analyse la pédophilie latente d’une chanson de Carlos, « Le tirelipimpon », de façon moins convaincante que Blanche le carpe diem d’au « Bal masqué » de la compagnie Créole.
Pourquoi la comédienne utilise-t-elle un micro dans une si petite salle, sans compter cet autre micro qui lui sert à chanter des chansons un peu poussives, au début et à la fin du show ? Pourquoi ne pas vouloir que ça se termine, et revenir toujours sur scène, rouvrir le rideau et accueillir les spectateurs dans le hall du théâtre ? Céline Groussard, à force, en fait un peu trop, au risque de lasser une partie du public séduit par son talent et l’originalité de son personnage.
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