La vogue est au néo-burlesque, comme en témoignent les films Burlesque, sorti fin 2010 avec Cher et Christina Aguilera, et Tournée, où Mathieu Amalric emmène des Américaines dans la fleur de l’âge pour une virée française. Aucun rapport avec le cinéma burlesque du début du 20e siècle, ni avec le genre littéraire en vogue au 17e qui use d’un registre comique pour évoquer des choses sérieuses (à l’inverse de l’héroï-comique)… Le « new burlesque » actuel ravive un style de strip-tease en vogue dans l’Amérique des années 30 à 60, inspiré du cabaret parisien de la fin du 19e. Grâce à ce divertissement fait pour les hommes, dans une Amérique pas encore effrayée par la nudité, les femmes peuvent, dit-on, s’accepter telles qu’elles sont, même si leurs corps ne correspondent pas aux canons de la mode. Quelle est la différence entre un club de strip et un cabaret burlesque ? La caution artistique accordée à cet art de l’effeuillage, le plus naturel et soigné possible, puisque dans les deux cas des professionnelles ôtent leurs vêtements devant un public passif…
Brian Scott Bagley, chorégraphe de la « Gentry de Paris Revue » avec Dita von Teese, présente, sous les ors pompiers du théâtre Adyar, Burlesque Star, un premier spectacle amateur et très long, heureusement rythmé par les mélodies jazzy d’un trio piano-contrebasse-batterie. Ce black américain grand et musclé, souvent sapé en drag-queen, improvise en français avec une folie communicative en variant ton, registre, intensité de la voix… Autour de lui, une vingtaine de danseuses s’effeuillent une à une. Le show, entracte compris, dure plus de trois heures, la deuxième partie étant deux fois plus longue que la première (aïe !).
C’est l’histoire de Mandy, belle métisse aux jambes effilées jouée par Tim Reese, qui rêve de devenir une star du burlesque et sera exaucée au terme d’un itinéraire fait de jalousie, de castings cruels et d’éreintants services au « Burlesque Resto Bar and Grill ». Lorsque saluent les danseuses à la fin du show, on se rend compte qu’elles étaient plus d’une vingtaine, jolies pour la plupart, enveloppées ou minces, à s’être effeuillées parfois sans un mot. Brian Scott Bagley, lui, s’est lancé dans de longues improvisations enflammées et quelques danses convulsives.
Les costumes sont chatoyants, il y a quelques belles chansons comme « Give me a chance » qui clôt l’épisode des castings. Mais ce qui était original au début bascule dans une série d’effeuillages qui se suivent et se ressemblent… Malgré une absence de rythme, ce show qu’il faudrait raccourcir de moitié révèle une vraie personnalité, celle de Brian Scott Bagley, doué pour l’improvisation comique comme pour le ballet burlesque !