On a découvert Bun Hay improvisant avec style et facilité à la fin du spectacle de Booder. Mais ici, l’éloquence du Noiche de Bordeaux a cédé la place à une élocution hésitante, artificielle. On dirait que Bun Hay se force à articuler façon comédien, alors que le stand-up suppose de la spontanéité dans le phrasé. Dommage car les textes sont bons et la démarche assez subversive. Tous les clichés communautaires et racistes sont passés au crible : les Jaunes vont conquérir le monde, ils mangent du chien et peuvent féconder une femme à distance en serrant les poings. Mais Bun Hay balance aussi sur les Reunois, les Reubeus, les Blancs… Il y a quelques bons jeux de mots, style « Wu-Tang-Frères », mais aussi pas mal de facilités et de tics, dont l’abus d’acronymes (rarement bon signe dans un one-man-show) comme UMP (Union des Maliens Pauvres) ou SPA (Soupe Populaire Asiatique). Heureusement, ce spectacle un peu figé retrouve de la force dans les courtes phases d’impro où Bun Hay se lâche avec son public.