Il y a cinq ans, Ary présentait son premier one-man-show au théâtre le Temple, dans un registre essentiellement juif égyptien, ponctué de parodies de publicités en arabe. Ici, l’humoriste a élargi son spectre et présente un one-man-show à la fois plus grand public et plus réussi. L’évocation de ses parents est glissée au début en un clin d’œil, avant une série de très bons sketchs aux registres variés. Comme Gad Elmaleh (dont la soeur, Judith, assure la mise en scène), Ary Abittan fait penser à ces acteurs américains qui savent tout faire : chanter, danser, jouer – avec de la technique et beaucoup de travail. Derrière chaque interprétation, chaque performance, on imagine le nombre de répétitions nécessaires, notamment pour interpréter la recette de cuisine en turc, ou dans le même registre la météo en italien, le journal télé en arabe et la session postillonnée en espagnol… Au delà du jeu d’acteur, les personnages sont bien trouvés, excessifs toujours, comme ce mari maladivement jaloux avec un tic de diction à la Dieudonné, le « ouais ouais ouais » à la voix crispée qu’avait déjà repris Foresti. D’ailleurs, le personnage de toxico ressemble à celui du spectacle « Dieudonné tout seul » (1997). Quant au dramaturge à la voix qui porte haut et fort (génial), il fait un peu penser – en mieux – au prof de théâtre décrit dans le premier spectacle de Gad Elmaleh. Ary Abittan a subi beaucoup d’influences mais il montre des qualités de jeu et des mimiques scotchantes, notamment ses têtes de parano angoissé. Du talent, du travail, de l’écriture : oui, ça vaut le détour!