Luc Antoni est un acteur hors pair, comme on en voit rarement dans le one-man. C’était déjà évident dans son précédent spectacle. Celui-ci, baignant dans une atmosphère hollywoodienne, nous montre à quel point son jeu est juste et sa palette large.
Le comédien est assis seul face à une table et une chaise vides, dans un coin de la scène qu’il occupe avec maestria, sans doute aidé par la direction de Marc Gelas. On comprend qu’il mange une entrecôte-frites au restaurant, en compagnie d’une femme très belle mais très chiante. Elle monologue depuis une demi-heure, lui ne dit rien. Alors il va représenter sur scène toutes idées qui lui passent par la tête, une fuite façon film d’action, en calèche, en avion ou en pirogue. Luc Antoni incarne un cow-boy, un gentleman ou un agent secret. Imaginant que de mystérieux interlocuteurs demandent à lui parler au téléphone du bar, topos incontournable des films policiers, il échafaude ses propres scénarios, nourris de références cinématographiques.
Luc Antoni est un comédien multidimensionnel : il est à la fois devant nous – il claque des doigts pour interrompre le brouhaha et s’adresser au public en aparté -, face à cette femme au restaurant, et le figurant des films qu’il imagine. Malgré ce don d’ubiquité, on suit le fil de ce spectacle onirique, loin de la galerie de portraits où il affirmait un talent de polémiste. Les transitions sont soignées, comme inapparentes, on se laisse prendre à son délire de comédien imitant des rires, des faciès ou des accents avec un mimétisme hilarant. Enfin, c’est un homme sensible qui s’offre en évoquant un souvenir d’enfance avec son père, dans une gare endormie de la vallée du Rhône, qu’il n’aurait jamais pensé inclure dans un one-man-show.
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