Un Festival Sans élastique ? En découvrant ce type de performance pluridisciplinaire, audacieuse et brouillonne, on comprend au mieux le nom du festival. Sans élastique ni structure, même. Avec, en outre, quelque chose de caricatural dans ce spectacle qui réunit un comédien, un poète et un guitariste qui l’ont élaborée en résidence à la Chartreuse de Villeneuve Lez Avignon, centre national des écritures du spectacle. Une expérience scénique qui vire à l’approximation, voire au soliloque collectif…
On apprécie les spectacles du comédien Pierre Meunier lorsqu’il est seul. Sans doute Charles Pennequin est-il un poète performeur à part, tout comme Jean-François Pauvros un guitariste et improvisateur singulier. Mais lorsqu’ils sont réunis autour d’un thème commun, le trou, il y a quelque chose qui cloche – et c’est peut-être le genre d’impressions qu’ils cherchent à produire.
Les trois bonhommes débarquent lentement sur scène, nonchalants, vêtus d’un pantalon sombre et d’un t shirt blanc qu’ils ne vont pas tarder à maculer, tout comme leur peau, de rayures noires au marqueur indélébile – peut-être pour figurer les bordures de ces trous qui les enserrent… Il ne jouent pas, ils sont là, un peu maladroits, et interviennent à la suite les uns des autres, plutôt que dans cette prétendue joute verbale évoquée dans texte de la Chartreuse (voir plus bas).
A droite, les machines reliées à la guitare de Pauvros, à gauche une table, trois chaises et une bouteille de vin rouge qu’ils vont boire. Au centre de la scène, un trou fictif autour duquel ils tournent et laissent s’épancher une logorrhée verbale évoquant les pièces de Novarina. Ce trou symbolise les orifices de l’être vivant, à commencer par la bouche, déhiscence première qui rend la parole possible, et on pense à une précédente « fabrication collective » de Pierre Meunier, Du fond des Gorges.
Pierre Meunier exerce son talent de conteur, qu’il se lance dans des monologues, des anecdotes ou des gags. L’ambiance musicale est bien installée par Jean-François Pauvros, mais les envolées lyriques de Charles Pennequin tombent un peu à côté de la plaque pour qui n’adhère pas à ses modulations stridentes.
Le trou est une invitation à la réflexion, à la composition musicale, aux histoires drôles et aux égarements du verbe, oui. Mais le jeu de ces trois lurons est si approximatif que ça en devient risible ou agaçant, parfois, dans le genre « art brut de décoffrage ». On est si loin du stand-up de Norman que ce festival de performances singulières a au moins rempli son rôle !
* * *
TROU, une joute verbale arbitrée à la guitare électrique.
On forera en mots, on chantera les bords, on y jettera le corps.
Le trou captive, le trou comble.
On se penchera, on se poussera, on tombera.
Le trou se discute, le trou s’impose, le trou trouble.
Méfions-nous du trou, du trou trop rond, du trou sans fond.
Fomentons un creux qui dure, un temps sans rien, une absence bordée.
Le trou fait parler de lui, on l’écoutera.
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